Régime sans gluten et sans caséine…attention avant de dénigrer!

 Témoignage d’un patient

  • Soizic M., 38 ans, a vu son état de santé considérablement s’améliorer après l’adoption d’un régime sans gluten et sans caséine, du type de celui prescrit par le Dr Jean Seignalet.
  • Son témoignage, que LaNutrition.fr vous invite à découvrir, est édifiant.

Je m’appelle Soizic M. Âgée de 38 ans, j’ai trois enfants. Voici mon témoignage.

En octobre 2008, je suis tombée dans une profonde dépression. A cet état se sont ajoutés de gros problèmes articulaires : fractures multiples (dites de fatigue), entorses répétitives… Mais aussi une pathologie très grave s’est déclarée en août 2010 : des embolies pulmonaires à répétition, avec des phlébites et des para-phlébites, même sous médicament anticoagulant (AVK, Lovenox et Innohep).

Embolie et vitamine B9

On me dit condamnée, que je peux à tout moment faire une embolie létale ! Ce risque, confirmé en milieu hospitalier, serait dû à un déficit génétique dans une enzyme au nom compliqué : la méthylène tétrahydrofolate réductase (MTHFR). Ce déficit provoque une augmentation dans le sang de l’homocystéine.

Un taux élevé d’homocystéine accroît considérablement les risques de thromboses, dont les embolies pulmonaires.

Au début (août 2010), c’est-à-dire quand j’ai fait ma première embolie, mon taux d’homocystéine est à 39,82 (le taux normal pour un adulte doit être inférieur à 15). À ce moment là, je n’avais rien changé à mon alimentation, je prenais des AVK (antivitamine k), mais en septembre 2010, je refais une embolie malgré un dosage en AVK stable et dans les normes. Les médecins décident de me placer sous Lovenox ; là encore, échec, phlébites et paraphlébites.

Début janvier 2011, je décide de suivre les conseils de Jean-Marie Magnien. J’élimine de mon alimentation tout ce qui contient du gluten et du lactose. Je me mets aux compléments alimentaires : vitamines (dont B9, connue sous le nom d’acide folique), magnésium, antioxydant, calcium, mélange d’huiles équilibré en omégas-3 et 6 et enrichi en vitamine D.

Ce n’est pas facile, c’est sûr, mais les résultats sont là !

Jean-Marie Magnien m’explique qu’on peut réduire les risques d’embolie grâce à la vitamine B9 malgré le déficit enzymatique qu’il pense partiel. En effet, l’enzyme en cause a besoin de vitamine B9 pour fonctionner normalement en évitant d’accumuler l’homocystéine. Il me dit que ma façon de manger, un seul repas par jour (avec 600 – 800 calories), entraîne chez moi un déficit à 100% de vitamine B9.

Le 14 janvier 2011, on refait un dosage de l’homocystéïne : je suis à 24. Le taux a baissé mais reste encore trop haut. Je continue à suivre les conseils de Monsieur Magnien à la lettre.

Un mois après, en février 2011, un dosage est réalisé, et là, je suis à un taux de 7, soit le dosage pour un enfant de moins 15 ans !!!

Mars 2012, mon taux est à 6 !!! C’est la norme minimum !

Dépression, migraine, etc.

Mais les résultat ne s’arrêtent pas là. Comme je l’ai dit au début de cette lettre, je souffrais d’une grave dépression et je ne dormais plus qu’avec des médicaments, j’avais des migraines récurrentes très intenses et des douleurs articulaires. Par ailleurs, j’avais fait plusieurs fausses couches inexpliquées.

Et bien, aujourd’hui je dors sans médicaments, je ne prends plus aucun antidépresseur, mes douleurs articulaires sont de l’histoire ancienne. Mes migraines ont aussi disparu ! Je me sens mieux et moins fatiguée depuis que j’ai éliminé le gluten et le lactose de mon alimentation.

Mes deux premières grossesses (2003 et 2004) ont été très compliquées avec un repos strict, des hospitalisations pour menace d’accouchement prématuré. Les enfants étaient, à la naissance, de petit poids et de petite taille (2 kg 350 et 47 cm). J’étais extrêmement fatiguée pendant ces deux grossesses et après les naissances.

Mais depuis, j’ai mis en pratique les conseils de Jean-Marie Magnien et j’ai la grande joie d’avoir mis au monde, le 16 août 2012, Jean-Gabriel (3 kg 280 et 50 cm). Par rapport aux précédentes grossesses, je n’ai pas été fatiguée ; d’ailleurs toutes les personnes que je croisais me le disaient.

Selon Monsieur Magnien, « la cause inexpliquée des fausses couches était liée en grande partie aux carences en vitamines et minéraux. Le manque de B9 chez la mère peut provoquer un avortement spontané, une anémie ; chez le nourrisson la prématurité et des malformations cérébrales. De plus, l’apport en B6 facilite l’entrée du magnésium dans les cellules en dehors desquelles il n’a aucune action. Chez le nourrisson la carence en magnésium se traduit à la naissance par une agitation, des pleurs, éventuellement des convulsions. »

Surpoids et asthme

Il y a deux autres résultats à la diététique sans gluten et sans lactose que j’ai également constatés. Je souffre de surpoids et d’asthme depuis mon enfance. Et bien, depuis que j’ai mis en application les conseils de Monsieur Magnien, j’ai perdu 32 kg. Et cela, en menant une grossesse à terme (la grossesse a ralenti la perte de poids). Alors que tous les régimes que j’ai faits durant des années n’ont été que des échecs : à chaque fois, j’ai repris tous mes kilos !

Concernant mon asthme, qui était très important, il me fallait plusieurs médicaments par jour, cortisone entre autres ! Je ne supportais pas l’humidité, ni les grosses chaleurs. Un vrai cauchemar, surtout quand vous êtes enfant ! Sans compter la pollution, les pollens… qui n’arrangeaient rien ! En arrivant en Bretagne, aucune amélioration avec le taux d’hydrométrie de la région !!! Puis deux embolies là-dessus. Mais après la mise en place de la diététique sans gluten ni laitage, c’est que du bonheur !

Mon pneumologue, consulté en septembre, m’a fait passer une série d’examens. Résultat : plus d’asthme ! J’ai des séquelles au niveau des poumons suite aux deux embolies, mais ce n’est pas aussi catastrophique que cela aurait dû être. Alors que j’étais prise en charge en ALD (Affection Longue Durée) par la Sécu (à 100 %) depuis fort longtemps pour la BPCO (bronchopathie, cela regroupe plusieurs pathologies), mon ALD n’a pas été renouvelée, car les résultats des examens sont trop bons ! La Sécu devrait me remercier et donner le tuyau à d’autres ! Si besoin, on m’a donné du SYMBYCORT 200, mais je ne l’utilise jamais, quelle que soit la météo.

Le plus surprenant c’est que je me sens mieux et moins fatiguée depuis que j’ai éliminé le gluten et le lactose de mon alimentation. Je prends toujours des compléments alimentaires : vitamines, magnésium, antioxydants, calcium et en plus, de la vitamine D que je mélange avec l’huile d’olive et de l’huile de colza Bio.

Alors, si vous doutez encore de l’efficacité de changer son alimentation, faites le test ! Mais, jouez le jeu à 100 %. Si vous faites les choses à moitié, vous n’aurez pas de résultat. Moi je ne reviendrai pas en arrière, c’est certain !

Le régime sans gluten et sans caséine

  • Les parents d’un enfant autiste ou d’un enfant qui souffre de troubles du comportement sont de plus en plus nombreux à s’intéresser à ce régime alimentaire qui consiste à éliminer les aliments qui apportent deux protéines : le gluten (contenu dans le blé, notamment) et la caséine (laitages).
  • Mais plus généralement, ce régime a été popularisé en France par le Dr Jean Seignalet qui l’utilisait comme traitement de nombreuses maladies auto-immunes. Des médecins veulent décourager les familles de suivre ce régime sans gluten sans caséine.

 

Qu’il s’agisse d’améliorer l’autisme ou de diminuer l’auto-immunité, les familles qui instaurent un régime sans gluten et sans caséine (SGSC) doivent affronter les critiques et railleries de certains médecins. Ces critiques sont de deux ordres. D’une part, l’efficacité d’un tel régime n’aurait jamais été démontrée scientifiquement, d’autre part ce type d’alimentation serait porteur de déséquilibres et de carences pouvant être dangereuses, en particulier pour l’enfant.

Telle est en substance l’argumentation développée dans un numéro récent d’Inserm actualités (1) par le Pr Christian Andres, un médecin et chercheur de l’unité Inserm 619 à Tours dont le thème de recherche s’intitule « dynamique et pathologie du développement cérébral ». Le Pr Andres a publié plusieurs études scientifiques sur l’autisme et le retard mental, mais, on va le voir, il ne connaît pas beaucoup la nutrition.

Le Pr Andres explique dans son article d’Inserm Actualités qu’il a fait le tour des études explorant le lien entre autisme et gluten/caséine et qu’il a été « étonné de trouver si peu d’éléments, et de si mauvais, de si discutables. » Il ajoute qu’on « n’a absolument rien démontré chez l’homme. » Il cite en particulier une méta-analyse n’ayant « pu faire ressortir qu’une étude valide scientifiquement », de surcroît portant seulement « sur 20 patients. » Le Pr Andres veut démontrer par là que rien ne permet d’accorder du crédit à ce régime.

Ce diagnostic appelle plusieurs remarques.

D’abord, il est extrêmement difficile de « démontrer chez l’homme » quoi que ce soit en matière de nutrition et de santé. En voici quelques exemples.

– Vin et santé cardiovasculaire : En dépit des milliers d’études expérimentales, épidémiologiques et cliniques conduites sur le vin et ses constituants, son rôle dans la prévention cardiovasculaire est toujours débattu.

– Calcium, laitages et os : Les laitages sont promus par les autorités sanitaires comme un moyen efficace – et à les entendre le seul – pour prévenir l’ostéoporose, mais rien n’a jamais été formellement démontré dans ce domaine malgré les dizaines de millions de dollars investis dans des études. Le rôle du calcium est lui-même contesté (2).

– Antioxydants et longévité : Des milliers d’études ont été menées sur les supplémentsd’antioxydants mais on n’a toujours pas la preuve décisive qu’en en consommant chaque jour on vivra plus longtemps en bonne santé.

S’étonner comme le fait le Pr Andres que l’efficacité du régime SGSC n’ait pas été démontrée dans une maladie aussi complexe que l’autisme relève du sophisme. Compte tenu du petit nombre de travaux menés à ce jour, c’est bien la démonstration incontestable de l’efficacité de ce régime qui eût été miraculeuse !

A ce jour, sept études auraient recherché l’impact d’un régime SGSC sur les symptômes de l’autisme. Six n’ont pas fait appel à un groupe de contrôle, et une étude était certes contrôlée, mais pas en double aveugle. Il est clair que la confiance que l’on doit accorder à ces résultats est limitée, mais ce qui est intéressant c’est que les sept études ont rapporté une amélioration des symptômes, et que deux ont trouvé que la cognition verbale des enfants s’était améliorée avec le régime SGSC. (3)

La conclusion que l’on devrait tirer de ces travaux, certes trop peu nombreux, certes imparfaits, ce n’est pas « Circulez, il n’y a rien à voir », mais plutôt « Multiplions les études pour voir si l’on retrouve ces résultats dans un cadre plus rigoureux. »

Je comprends qu’il soit difficile à certains médecins de tenir ce discours. Cela tient tout simplement à la place qu’occupent le blé et le lait dans l’inconscient alimentaire collectif et plus prosaïquement à leur contribution au chiffre d’affaires de l’industrie agro-alimentaire française. Les lobbys laitiers et céréaliers sont anciens, puissants et ils ont réussi à accréditer l’idée dans le grand public et le corps médical qu’une bonne santé sans céréales ni laitages est inimaginable.

Le Pr Andres estime ainsi que « les familles [qui suivent le régime SGSC] se soumettent à un régime contraignant, qui pourrait être délétère pour l’enfant. »

En réalité on ne voit pas très bien en quoi un régime sans gluten ni caséine serait délétère pour qui que ce soit. Céréales et laitages ne sont apparus qu’au néolithique, il y a moins de dix mille ans. C’est donc en suivant pendant près de sept millions d’années un régime sans gluten sans caséine que l’espèce humaine a conquis la planète.

Il est tout à fait possible et même probable qu’une alimentation sans blé ni laitages conduise aussi bien les enfants que les adultes, y compris ceux qui ne souffrent ni d’autisme ni de maladies auto-immunes, à une meilleure santé. Les aliments qui contiennent du gluten élèvent souvent anormalement le sucre sanguin et ceux qui contiennent de la caséine font trop grimper l’insuline : donc ces aliments activent ce qu’on appelle la voie insuline, qui est un moteur majeur du vieillissement. Ils s’accompagnent d’une hausse marquée de facteurs de croissance, ce qui n’est pas une très bonne nouvelle pour la prévention des cancers. Ils augmentent aussi l’expression de marqueurs de l’inflammation, ce qui n’est une bonne nouvelle pour aucun système biologique. Enfin les uns et les autres apportent à l’organisme une charge acide nette qui est accusée de favoriser l’ostéoporose, la fonte musculaire et les troubles rénaux.

Après tout, il ne faut peut-être pas s’étonner que le régime le plus protecteur connu chez l’homme, celui qui fait les centenaires à la pelle, soit précisément un régime sans gluten ni caséine : c’est le régime d’Okinawa !

Le Pr Andres aimerait bien envoyer « un message fort, audible et crédible » au grand public. L’Afssa s’apprêterait, sous la pression de quelques médecins, à émettre un tel avis à la suite d’une réunion le 29 janvier. Un message qui convaincrait les parents, selon les termes du Pr Andres « de ne pas recourir au régime sans gluten sans caséine tant qu’il n’y a pas de nouvelles preuves à l’appui. » Mais il ne faut guère compter sur ces chercheurs évidemment bien intentionnés pour susciter l’émergence de ces « nouvelles preuves » que les familles, elles aussi, attendent. La cause est déjà entendue. La recherche officielle n’est certainement pas près de miser un kopek sur ce qu’elle considère comme « un phénomène de croyance à une théorie qui a l’apparence d’être scientifique. »

(1) Inserm Actualités n° 199, mai 2006.

(2) Souccar T. : Lait, mensonges et propagande. Thierry Souccar Editions, mars 2007.

(3) Christison GW, Ivany K. Elimination diets in autism spectrum disorders: any wheat amidst the chaff? J Dev Behav Pediatr. 2006 Apr;27(2 Suppl):S162-71.

Lanutrition.fr août 2013