Un régime riche en viande et en laitages fabrique une flore intestinale pro-inflammatoire

Publication importante de la revue « Nature » en décembre 2012, relayée par le site lanutrition.fr

Un changement d’alimentation peut avoir des conséquences rapides sur la flore intestinale. D’après des chercheurs de l’université de Harvard qui publient leurs résultats dans Nature, la composition de l’écosystème intestinal peut changer en une journée. En particulier un régime alimentaire riche en viandes et laitages provoque l’émergence de bactéries d’ordinaire très rares.

La flore intestinale est composée de bactéries qui jouent un rôle dans la digestion, mais aussi l’immunité. Sa composition qui varie au cours de l’existence influence la santé de l’individu. La flore intestinale pourrait aussi être impliquée dans la maîtrise du poids.

Lire : Obésité : les bactéries responsables ?

Les chercheurs américains ont voulu savoir si une modification brutale de l’alimentation conduisait à des changements rapides dans la composition de la flore intestinale. En effet, si des changements à long terme ont déjà été identifiés, les changements à court terme sont moins connus. Ils ont recruté 9 volontaires qui ont suivi deux régimes alimentaires complètement différents, avec une période de pause entre les deux.

Tout d’abord, les participants ont mangé pendant 5 jours une alimentation à base de produits animaux avec : au petit-déjeuner des œufs et du bacon, le midi des côtes et du rôti de bœuf, le soir du salami et du jambon cru avec un assortiment de fromages. Après une pause, les volontaires ont démarré le second régime riche en fibres et contenant des produits végétaux : muesli, riz, lentilles, fruits et légumes. Les chercheurs ont analysé la flore intestinale des volontaires avant, pendant et après chaque régime alimentaire.

Les résultats étaient nets : la composition de la flore intestinale pouvait changer en une journée. Après trois jours de régime alimentaire, non seulement le profil de la flore intestinale avait changé, mais aussi le comportement des bactéries intestinales : les gènes activés dans les micro-organismes n’étaient pas les mêmes dans les deux régimes.

Une alimentation composée entièrement de produits animaux ou végétaux modifie à court terme la structure de la communauté microbienne. En particulier, un régime à base de produits animaux incluant viande, produits laitiers et peu de glucides augmente la quantité de micro-organismes tolérants à la bile : AlistipesBilophila et Bacteroides ; un tel régime diminue en même temps les niveaux de bactéries qui métabolisent les polysaccharides de plantes : RoseburiaEubacterium rectale et Ruminococcus bromii.

Les chercheurs suggèrent que la rapidité à laquelle la flore intestinale s’adapte soit utilisée pour contrôler des maladies liées à la flore intestinale. En effet, avec un régime à base de produits animaux, il existe une augmentation de la part des bactéries favorise des bactéries intes, une espèce liée à des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. Ceci confirmerait donc un lien entre les graisses alimentaires, les acides biliaires et la croissance des micro-organismes impliqués dans les maladies inflammatoires de l’intestin.

Lire : Les graisses du lait favoriseraient l’apparition des maladies inflammatoires de l’intestin

En conclusion, la flore intestinale peut rapidement répondre à des changements alimentaires importants, dans un sens comme dans un autre.

Source

David LA, Maurice CF, Carmody RN, Gootenberg DB, Button JE, Wolfe BE, Ling AV, Devlin AS, Varma Y, Fischbach MA, Biddinger SB, Dutton RJ, Turnbaugh PJ. Diet rapidly and reproducibly alters the human gut microbiome. Nature. 2013 Dec 11. doi: 10.1038/nature12820.