Une supplémentation en acides gras OMEGA 3 protégerait du cancer du sein

La relation entre la consommation (et les concentrations plasmatiques et tissulaires) d’oméga 3 et le risque de cancer du sein a fait l’objet de nombreux études d’observation dont les conclusions sont variables.  Ces données sont regroupées dans une nouvelle méta-analyse incluant 21 études, d’une durée s’échelonnant entre 4 et 20 ans. Ces travaux ont été menés aux Etats-Unis (onze études), en Europe (onze études) et en Asie (quatre études). Les auteurs ont pris garde de distinguer les populations de femmes en fonction de leur statut hormonal (ménopausées ou non ménopausées). Selon les études, c’est l’apport en poisson et/ou la quantité d’acides gras oméga 3 consommée qui étaient évalués. Des précisions concernant le type d’oméga 3 (acides gras à longue chaîne, EPA-DHA, acide alpha linolénique) étaient parfois apportées.

En ce qui concerne la consommation de poisson, il n’y a pas d’effet protecteur apparent : le risque relatif (RR) de cancer du sein est de 1, 03 (intervalle de confiance à 95 % [IC] : 0,93-1,14) pour les plus grandes consommatrices de poisson par rapport aux plus faibles consommatrices.  On constatera d’ailleurs qu’aucune des 14 études incluses n’a suggéré que le poisson était bénéfique pour réduire l’incidence du cancer mammaire. A la différence des résultats précédents, la relation inverse entre la consommation d’oméga 3 à longue chaîne et l’incidence du cancer du sein est significative avec une réduction de 14 % (RR : 0,78 ; IC : 0,78-0,94)   chez les femmes dont l’apport en huile de poisson est le plus élevé par rapport à celle qui en consomment le moins. En outre, une relation dose-effet est établie : une augmentation de 0,1 g d’acides gras à longue chaîne est associée à une baisse de 5 % de l’incidence du cancer du sein. Une analyse détaillée de l’effet de l’EPA d’une part, et du DHA d’autre part n’a pas montré de relation entre la consommation de ces acides gras et le risque de cancer.

Contrairement aux huiles de poisson, l’exposition à l’acide linolénique n’est pas associée au risque de cancer du sein. Ainsi les grandes consommatrices d’acide alphalinolénique ne semblent pas protégées du cancer du sein par rapport à celles qui en consomment peu.

Des analyses de sous-groupes suggèrent que l’effet protecteur des omégas 3  à longue chaîne  est plus marqué dans  les populations asiatiques. En outre, il s’atténue (sans disparaître)  dans les études qui tiennent compte de l’IMC comme facteur de confusion potentiel et semble marqué uniquement chez les femmes ménopausées.

La discordance entre les résultats obtenus dans cette méta-analyse, pour la consommation de poisson et celle des omégas 3 à longue chaîne, repose la question des éventuels effets négatifs des polluants contenus dans le poisson pouvant contrebalancer la protection conférée par les acides gras oméga 3.  En outre, l’atténuation de l’effet des omégas 3 quand on tient compte de l’IMC montre que l’influence apparente des huiles de poisson est en partie liée à des facteurs confondants.

Au regard de l’ensemble des étude disponibles en nutrition et si l’on tire les leçons de ce qui s’est passé dans le domaine de la prévention cardiovasculaire, où les données prospectives n’ont pas été confirmées par les études d’intervention, il n’est pas légitime de considérer les omégas 3 comme des agents pouvant protéger du cancer du sein.

Dr Boris Hansel

Zheng JS et coll. : Intake of fish and marine n-3 polyunsaturated fatty acids and risk of breast cancer: meta-analysis of data from 21 independent prospective cohort studies. BMJ 2013; 346: f3706. doi: http://dx.doi.org/10.1136/bmj.f3706

Jim.fr 28 août 2013

Personnellement: cette étude justifie les analyses de concentration globulaire en omega 3 qui sont demandées chez certains patient à risque quelle que soit leur consommation de poissons gras ou de compléments. De plus il est probable que ce que l’on observe aujourd’hui pour le cancer du sein, soit élargie à d’autres cancers « hormono-dépendants » dont la prostate. D’autres études devront le confirmer!

Une autre étude confirme également l’importance de la supplémentation en omega 3 pour le développement des jeunes enfants !