Publié sur Jim 16/9/2013
De nombreuses études épidémiologiques et plusieurs essais cliniques randomisés ont suggéré qu’une forte consommation d’acides gras oméga 3 polyinsaturés écosapentaénoiques et docosahexaénoiques (DHA) réduisait le risque de survenue d’une maladie cardiovasculaire.
D’ailleurs, les acides gras oméga 3 polyinsaturés ont une action bénéfique sur les marqueurs de l’inflammation, la pression artérielle, le taux des lipides sanguins et surtout sur la fonction endothéliale dont l’altération reflète les prémices de l’installation d’une athérosclérose infra-clinique.
Les études de supplémentation en acides gras oméga3 polyinsaturés réalisées jusqu’alors ont été menées en prévention secondaire et, dans de rares cas seulement, en prévention primaire chez des adultes de la cinquantaine.
Il restait donc à savoir si une supplémentation en acides gras oméga 3 polyinsaturés pouvait avoir quelque effet préventif dans une population de jeunes adultes en bonne santé.
C’est ce qui a conduit Singhal et coll. à mener, pour répondre à cette question, une étude randomisée chez 328 volontaires sains âgés de 18 à 37 ans (en moyenne : 27,6 ans) ; après randomisation, ceux-ci ont reçu quotidiennement pendant 16 semaines soit 1,6 g de DHA et 2,4 g d’huile neutre (groupe DHA) soit 4,0 g d’huile d’olive (groupe contrôle) ; les 2 produits étaient conditionnés sous forme de capsules de 500 mg, soit 8 capsules/jour.
La vasodilatation de l’artère brachiale dépendante de l’endothélium et fonction du flux artériel (critère principal) a été mesurée avant et après (268/328 patients) l’intervention thérapeutique au moyen d’ultrasons vasculaires de haute résolution.
Au moment de la randomisation, la dilatation de l’artère brachiale était la même dans les 2 groupes (en moyenne : 0,27 ± 0,1 mm). Cependant, après l’intervention thérapeutique, la dilatation artérielle était significativement plus importante dans le groupe contrôle que dans le groupe DHA (en moyenne : 0,29 ± 0,1 mm vs 0,26+/-0,1 mm; soit une différence moyenne de 0,03 mm; intervalle de confiance [IC] 95% [0,005 à 0,06 mm]; p=0,02).
De tous les autres paramètres mesurés, seuls les taux de triglycérides (différence moyenne : 28 %, IC 95 % [40% à 15%]; p<0,0001) et de VLDL (very low-density lipoproteins) (différence moyenne interquartile : 0,3 [0,2 à 0,4 mmol/l] versus 0,4 [0,3 à 0,5 mmol/] ; p<0,0001) ont diminué significativement dans le groupe DHA comparé au groupe contrôle.
En conclusion, dans une population d’adultes jeunes en bonne santé, une supplémentation quotidienne en DHA n’a pas amélioré la fonction endothéliale. Cependant, par rapport au groupe contrôle, elle a abaissé significativement le taux des triglycérides confirmant ainsi des constatations antérieures ; par ce biais, la supplémentation en DHA pourrait être potentiellement bénéfique en prévention des maladies cardiovasculaires dans la population des jeunes adultes sains.
Dr Robert Haïat
Singhal A et coll. : Docosahexaenoic Acid Supplementation, Vascular Function and Risk Factors for Cardiovascular Disease : A Randomized Controlled Trial in Young Adults. J Am Heart Assoc. 2013; 2: e000283. doi: 10.1161/JAHA.113.000283)